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La diminution de la concentration en hémoglobine et du taux d’hématocrite ne traduit pas toujours une anémie ferriprive. En effet, il est classique d’observer ce phénomène chez les triathlètes spécialistes des activités de longue durée. En réalité, dans la plupart des cas, cette réponse adaptative classique, transitoire et bénigne, reflète une simple expansion du volume plasmatique qui n’est aucunement délétère et bien au contraire. En effet, ce phénomène que l’on qualifie de « pseudo-anémie » par dilution est associée à l’amélioration de la capacité de performance en raison de l’augmentation du débit cardiaque (responsable d’une meilleure fourniture d’oxygène aux tissus), de la réduction de la viscosité sanguine (responsable d’une meilleure délivrance de l’oxygène aux cellules musculaires par l’optimisation de la microcirculation) et de l’amélioration de l’efficacité de la régulation thermique de l’organisme (responsable d’une meilleure capacité de dissipation de la chaleur via une plus grande surface liquidienne).
Stéphane PALAZZETTI
(Docteur ès Sciences du Sport, Coach spécialiste des activités de longue distance)
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La "pseudo-anémie" du sportif
La principale modification chronique induite par l'exercice est l'augmentation du volume plasmatique (20 %), secondaire à l'augmentation de la réabsorption hydrosodée d'origine hormonale (système rénine-angiotensine-aldostérone). Cette adaptation, qui favorise l'augmentation du débit cardiaque maximal, s'observe dans les sports d'endurance et augmente avec la fréquence de l'entraînement et des compétitions, surtout s'ils sont réalisés dans des conditions de chaleur. L'hémodilution se traduit sur l'hémogramme par une baisse de l'hématocrite et de la concentration en hémoglobine, simulant une anémie. C'est la "pseudo-anémie" du sportif. Il n'est pas rare d'observer des sportifs avec un hématocrite à 37 % et 125 g d'hémoglobine par litre sans signe d'intolérance clinique, ni biologique.

Des adaptations qualitatives sont aussi décrites, même si elles ne sont pas explorées en pratique courante, on note que la courbe de dissociation de l'hémoglobine est déplacée vers la droite chez le sportif "endurant". Ceci favorise la libération de l'O2 au niveau tissulaire dans les conditions d'acidose, d'hypercapnie et d'élévation de température, toutes conditions retrouvées lors d'un exercice physique.
En pratique, il faut interpréter les chiffres d'hémoglobine et d'hématocrite en fonction de la discipline sportive et de l'intensité de l'entraînement. Le manque d'études comparatives entre population sportive et sédentaire rend difficile l'établissement de normes.
Celles proposées par l'ANAES apparaissent élevées pour une population de haut niveau d'entraînement et ne tiennent pas compte d'une hémodilution potentielle.
La pathologie induite par l'exercice chronique se traduit par une anémie soit par carence martiale, soit par hémolyse chronique. Ces situations restent rares et nécessitent des investigations en milieu spécialisé, afin d'éliminer une pathologie intercurrente. Dans tous les cas, le diagnostic d'anémie liée à la pratique sportive doit rester un diagnostic d'élimination.

L'exercice musculaire induit des modifications aiguës sensibles de l'hémogramme et de la charge en fer. En dehors des protocoles de recherche, cet examen doit donc être réalisé à distance d'un effort (24 heures sans entraînement en pratique).
Au vu des adaptations chroniques de l'hémogramme, chez le sportif de haut niveau d'entraînement, son interprétation doit se faire en fonction de la discipline pratiquée, du niveau de préparation et de sa situation temporelle vis-à-vis des compétitions. Son interprétation peut être délicate pour les valeurs basses en raison de l'hémodilution induite par les activités d'endurance, notamment pour les chiffres d'hémoglobine. Le contexte clinique, et les paramètres associés comme le volume globulaire moyen et la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine sont une aide supplémentaire.
Dr F. Carré (Hôpital Pontchaillou, rennes) Dr M. Guinot (Fédération Française de Cyclisme, Rosny-sous-bois) Dr S. Bermon (CHU, Nice)
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